Un peu de psychologie, les enfants !

La psychologie, l'étude du développement et du comportement humain ne sont pas abordés à l'école primaire. Il faut attendre le lycée ou la fac pour parler de toutes ces choses passionnantes. C'est dommage car les enfants d'âge scolaire sont les premiers concernés: motricité, apprentissage, essai-erreur, perception de l'espace, dessins, mémoire, pensée concrète... Combien de nos élèves se passionnent pour les dinosaures, les volcans ou les dauphins, alors qu'ils ignorent presque tout de leur propre développement ? Il m'a semblé intéressant d'y porter un regard à partir de discussions, d'observations et de petits tests faciles à réaliser. Une maman d'élève psychologue scolaire a exposé devant la classe les différents aspects du développement de l'enfant. Cette intervention a beaucoup plu aux élèves, chacun a apporté sa petite remarque ou a fait part de ses observations personnelles. Et même des enfants de CP et de CE1 de passage dans notre classe ont participé à des expériences sur la perception des quantités et des volumes... Après son intervention, notre aimable psychologue a laissé le résumé qui suit:

LE DEVELOPPEMENT DE L'HOMME

Le chemin qui conduit le nouveau-né à l'âge adulte est long (16 années en moyenne), contrairement au développement dans le règne animal, et ces étapes par lesquelles nous grandissons constituent les principaux objets d'étude d'une science appelée psychologie de l'enfant.

Que veut dire psychologie ?
" psychologie " vient du grec " psukhê " qui signifie âme et " logos " qui veut dire science.
La psychologie, c'est l'étude scientifique des faits psychiques qui désignent l'ensemble des manières de penser, des sentiments, des états de conscience. C'est une science récente, dérivée de la philosophie il y a un siècle et qui s'appuie sur l'observation des comportements humains, les expériences, les statistiques et les modèles mathématiques pour développer ses modèles théoriques.
La psychologie expérimentale dont le but est la découverte des lois générales qui règlent le comportement humain s'est divisée en plusieurs domaines suivant l'objet étudié :

- l'étude des comportements animaux ( psychologie animale)
- l'étude des réactions physiologiques telles que faim, soif, sommeil, chaud/froid, etc... (psychophysiologie)
- l'étude du développement de l'enfant (psychologie génétique)
- l'étude du développement du langage (psycholinguistique)
- l'étude des performances individuelles comparées (psycho différentielle)
- l'étude des comportements en groupe (psychologie sociale).

C'est la psychologie de l'enfant que l'on retiendra ici pour tenter de comprendre les grandes étapes de notre développement depuis notre naissance jusqu'à l'âge adulte. Cette science étudie la croissance mentale et le développement des conduites (c'est-à-dire de nos comportements y compris notre conscience) pendant que nous grandissons.

La croissance mentale est indissociable de la croissance physique c'est à-dire que le développement intellectuel est directement lié au développement moteur. Ainsi, le nourrisson qui ne peut encore bouger de son berceau seul, a une exploration restreinte du monde extérieur; il est donc limité dans sa façon de penser et de concevoir le monde en raison des limites de ses propres actions.

Enfin, cette évolution intellectuelle dépend aussi des influences du milieu (attentions et stimulations apportées par son entourage: famille, école, et mode de vie: voyages, déménagements etc ... ).

Un chercheur et psychologue suisse nommé Jean Piaget, a étudié longuement les comportements des enfants en observant leurs réponses dans des situations précises. A partir de ses nombreux travaux, il a défini les différentes étapes du développement intellectuel et moteur.
Nous en décrirons les étapes essentielles.

 

1 - LE NIVEAU SENSORI-MOTEUR (DE 0 à 18 MOIS)

C'est la période de développement avant le langage.
On peut l'appeler période " sensori-motrice " car au tout début de sa vie, le nourrisson ne présente encore ni pensée, ni affectivité (sentiment) liée à des représentations permettant d'évoquer des personnes ou les objets en leur absence. Il n'a pas encore de mémoire.
A ce stade c'est un petit être qui est relié à sa mère, qui mange et dort souvent, et qui vit dans la sensation de plaisir. En cas d'inconfort, il pleure pour exprimer son insatisfaction.
Sur le plan physique, il grandit vite puisqu'il va doubler sa taille durant la première année.
Sur le plan moteur, il fait également de nombreux progrès: alors que le nourrisson est incapable de contrôler ses mouvements (il bouge par mouvements réflexes, involontaires) vers 2-3 mois, il met les objets à la bouche, les serre avec ses mains et joue déjà avec ses mains et ses vêtements. Il est aussi capable de sourire, il est attentif aux visages, il gazouille et commence à changer ses pleurs en fonction de ses besoins. Vers 6-8 mois, il est capable de s'asseoir seul , il contrôle mieux ses mains, il chantonne (des sons) à la vue de sa propre image dans le miroir.
Il coordonne maintenant ses gestes pour prendre l'objet qu'il voit et veut. C'est le début de l'intentionnalité et le seuil de l'intelligence.
Vers 9-12 mois, il réagit aux visages étrangers, il fait ses premiers pas, et il améliore sa connaissance des objets qui l'entourent.
Entre 12 et 18 mois, il marche seul, peut ouvrir une porte fermée et commence ses premières expériences comme par exemple découvrir un objet caché qu'il reconnaît. Il acquiert ainsi ce que l'on appelle en langage psychologique " la permanence de l'objet " : l'objet continue d'exister dans l'esprit de l'enfant même s'il ne le voit plus. C'est en quelque sorte le début de la mémoire.
A cet âge, l'enfant est capable de se reconnaître dans un miroir en tant que personne à part entière.
Il commence aussi à établir des liens entre des mots et des objets ou des images; il devient ainsi capable de prononcer les premiers mots et à identifier les parties de son corps (nez, yeux ... ). C'est l'apparition du langage.
A l'âge de 2 ans, le monde environnant devient permanent dans l'esprit de l'enfant, contrairement à son univers initial qu'il se représente sans objets tant que les objets réels ne sont plus devant ses yeux.
A la fin de cette période, l'enfant est capable de réaliser beaucoup d'actions, et notamment des gestes de plus en plus précis. Il comprend et interprète son monde environnant en imitant les bruits, les personnes et les choses au moment où elles se présentent à lui.

En résumé, cette première période appelée sensori-motrice, conduit l'enfant à une structuration de l'univers restreinte à un niveau pratique; l'intelligence sensori-motrice organise le réel en construisant les grandes catégories de l'action qui sont les schèmes de l'objet permanent, de l'espace, du temps et de la causalité. Ce sont les substructures de ces futures notions.
Au cours des 18-24 premiers mois s'effectue une sorte de " révolution " dans l'esprit de l'enfant; plus exactement une décentration générale par rapport à lui-même, telle que l'enfant finit par se situer comme un objet parmi les autres en un univers formé d'objets permanents, structuré de façon spatio-temporelle et siège d'une causalité à la fois spatialisée et objectivée dans les choses.

Expérience pour comprendre:

Vers 5-7 mois, quand l'enfant va saisir un objet et qu'on recouvre celui-ci d'un linge, l'enfant retire simplement sa main déjà tendue. S'il s'agit d'un objet d'intérêt spécial (biberon ou doudou), il va se mettre à pleurer ou hurler de déception : il réagit donc comme si l'objet s'était résorbé. A cet âge, même si l'on peut supposer que dans l'esprit de l'enfant l'objet disparu est toujours là, il ne parvient pas à résoudre le problème de le rechercher et de soulever l'écran.
Vers 7-8 mois, lorsque l'enfant commence à chercher sous l'écran, on peut faire le contrôle suivant: cacher l'objet en A à la droite de l'enfant, qui le recherche et le trouve, puis, sous ses yeux, déplacer et cacher l'objet en B, à la gauche de l'enfant: lorsque celui-ci a vu l'objet disparaître en B (sous un coussin), il arrive alors souvent qu'il le recherche en A comme si la position de l'objet dépendait des actions antérieurement réussies et non pas de ses déplacements autonomes et indépendants de l'action propre.
Ce n'est que vers 9-10 mois que l'objet est recherché en fonction de ses seuls déplacements.

On comprend ainsi qu'à l'aide de tâtonnements successifs et d'expériences multiples l'enfant en grandissant s'approprie une représentation plus juste du monde réel.

 

2 - LA FONCTION SYMBOLIQUE OU LA PENSEE PREOPERATOIRE

A la fin de la période sensori-motrice, vers 1 à 2 ans, l'enfant a acquis une expérience suffisante ( gestes, déplacements, marche, et paroles) pour que ses imitations généralisées deviennent une imitation différée.

Il devient capable de se représenter des situations en jouant à faire semblant de ... Il joue à être un chat en se mettant à quatre pattes et en imitant le cri de l'animal même quand le chat n'est plus présent. L'enfant a construit une représentation mentale et l'imitation n'est plus seulement différée mais intériorisée.

A ce stade, l'enfant utilise des symboles pour jouer, parler (il apprend à s'exprimer en imitant et répétant les adultes qui l'entourent) et pour construire sa propre représentation du monde réel. Il est encore trop petit pour s'adapter au monde social des aînés, dont les intérêts et les règles lui restent extérieurs, et à un monde physique qu'il comprend encore mal. Aussi pour satisfaire ses besoins affectifs et intellectuels, il dispose du jeu qui transforme le réel par assimilation aux besoins du moi (lui-même) et de l'imitation qui est accommodation plus ou moins pure aux modèles extérieurs.

De 2 à 7 ans, l'enfant continue son développement intellectuel et sa compréhension du monde par le jeu symbolique, l'imitation , le langage , le dessin (en traçant ses images mentales) et plus tard l'apprentissage de l'écrit (écriture/lecture).

Le jeu symbolique

Il marque l'apogée du jeu enfantin entre 2-3 et 5-6 ans. L'enfant, pour comprendre et assimiler le réel qui l'entoure, a besoin de revivre certains évènements au lieu de se contenter d'une évocation mentale (souvenir simple).

Par exemple, une petite fille en vacances avec ses parents pose plusieurs questions sur le mécanisme des cloches en voyant un vieux clocher de village. Plus tard, elle se tient immobile et debout à côté de la table de son père en faisant un bruit assourdissant. " Tu me déranges un peu, tu sais, tu vois je travaille " lui dit son papa. " Me parle pas, répond la petite, je suis une église ". Le souvenir et la compréhension de ce qu'elle a vu, l'église, passe par une interprétation du corps entier.

Mais ce sont surtout les conflits affectifs qui apparaissent dans le jeu symbolique. Par exemple, s'il se produit une petite scène banale au déjeuner, on peut être sûr qu'une ou deux heures après, le drame sera reproduit dans un jeu de poupée et surtout mené à une solution plus heureuse, soit que l'enfant applique à sa poupée une pédagogie plus intelligente que celle des parents, soit qu'il intègre dans le jeu ce que son amour-propre l'empêchait d'accepter à table (comme finir l'assiette de potage jugé détestable, surtout si c'est la poupée qui l'absorbe symboliquement).

De façon générale, le jeu symbolique peut servir ainsi à la résolution de conflits, mais aussi à la compensation de besoins non assouvis, à des renversements de rôles (obéissance/ autorité), à la libération et à l'extension du moi.

Le dessin :

Il nous renseigne beaucoup sur les représentations de l'enfant et son rapport au monde extérieur. Jusque vers 8-9 ans, le dessin est essentiellement réaliste d'intention : l'enfant commence à dessiner ce qu'il sait d'un personnage ou d'un objet bien avant d'exprimer graphiquement ce qu'il voit. Il y a une correspondance entre le dessin et l'image mentale qui est elle aussi conceptualisation avant d'aboutir à de bonnes copies perceptives.

On appelle " réalisme fortuit " l'étape du gribouillage avec signification découverte en cours de route.

Puis vient le " réalisme manqué " quand les éléments du dessin sont juxtaposés au lieu d'être coordonnés dans un tout : chapeau bien au-dessus de la tête ou des boutons à côté du corps. Le bonhomme, qui est l'un des dessins les plus dominants au départ, passe d'ailleurs par un stade très intéressant: celui des "bonhommes-têtards " où n'est figurée qu'une tête munie de jambes filiformes, ou munie de bras et de jambes mais sans tronc.

Puis vient la période essentielle du " réalisme intellectuel " où le dessin représente assez bien les attributs conceptuels du modèle mais sans soucis de perspective visuelle. Ainsi un visage vu de profil aura un second oeil parce qu'un bonhomme a deux yeux ou qu'un cavalier aura une jambe vue à travers le cheval en plus de la jambe visible.

Vers 8-9 ans par contre, à ce " réalisme intellectuel " succède un " réalisme visuel " qui présente 2 nouveautés. La perspective est maintenant respectée ( on ne verra ainsi que le sommet d'un arbre derrière une maison et non plus l'arbre entier) et le dessin tient compte de la disposition des objets selon un plan d'ensemble (axe et coordonnées) et de leurs proportions métriques.

Dès 9-10 ans, la moyenne des enfants devient capable de tracer d'avance le niveau horizontal que prendra l'eau dans un bocal auquel on donne diverses inclinaisons ou la ligne verticale du mât d'un bateau posé sur cette eau.

Le langage

Celui-ci débute par une phase de lallation spontanée (commune aux enfants de toutes les cultures de 6 à 10-11 mois) et une phase de différenciation de phonèmes par imitation (dès 11-12 mois), par un stade situé à la fin de la période sensori-motrice et qu'on décrit comme " mots-phrases ". Ces mots uniques peuvent exprimer tour à tour des désirs, des émotions ou des constatations.

Dès la fin de la seconde année, apparaissent des phrases à deux mots, puis des petites phrases complètes sans conjugaison ni déclinaisons, et ensuite une acquisition progressive de structures grammaticales. L'enrichissement du vocabulaire se passe vite si l'entourage participe à la description de l'environnement et si l'on stimule l'enfant à s'exprimer. Là encore, l'enfant procède beaucoup par imitation.

Le langage joue un rôle particulièrement important car il est le véhicule de la pensée et nous permet de rendre compte des représentations de l'enfant qui apprend.

En conclusion, à la fin de cette période pré-opératoire (7-8 ans) l'imitation, le jeu symbolique, le dessin, l'image mentale, le langage ont été de précieux outils pour exprimer la pensée, et pour préparer l'enfant à une meilleure représentation du monde réel; néanmoins, ils ne se développent ni ne s'organisent sans le secours constant de la structuration propre à l'intelligence.

 

3 LES OPERATIONS CONCRETES

1 - Expérience: épreuve de la conservation des liquides.

Etape 1 : Transvasement d'un verre A en un verre B plus mince ou en un verre C plus large. Demander à l'enfant d'observer et de décrire ce qui se passe.

Pour les enfants de 4 à 6 ans, le liquide augmente ou diminue de quantité. Les sujets jeunes paraissent ne raisonner que sur les états ou configurations en négligeant les transformations : l'eau en B est plus haute qu'en A, donc elle a augmenté en quantité, indépendamment du fait que c'est la même eau qu'on a simplement transvasée. A cet âge l'enfant est dépendant de sa perception (hauteur de l'eau) et ne peut prendre en compte la dimension du contenant qui change.

Au niveau des opérations concrètes, au contraire l'enfant dira: " c'est la même eau ", " on n'a rien enlevé ni ajouté " (identités simples ou additives); " on peut remettre (B en A) comme c'était avant " (réversibilité par inversion); ou surtout " c'est plus haut mais c'est plus mince, alors ça fait autant " (compensation ou réversibilité par réciprocité des relations). Ainsi, pour l'enfant plus grand, les états sont dorénavant subordonnés aux transformations et celles-ci, étant décentrées de l'action propre pour devenir réversibles, rendent comptent à la fois des modifications en leurs variations compensées et de l'invariant impliqué par la réversibilité.

Toujours pour comprendre le monde, l'enfant est passé véritablement de l'action à l'opération. L'enfant parvient à structurer ses représentations de façon stable et invariable. On dit qu'il acquiert les notions de réversibilité, de conservation et d'invariant.

Etape 2: même dispositif avec un verre A de départ, un verre B plus mince et un verre C plus large. On demande alors à l'enfant de prévoir le résultat du transvasement de A en B et en C avant de l'effectuer et d'indiquer notamment les niveaux qui seront atteints par l'eau.

Résultats : les sujets pré-opératoires (5-7 ans) s'attendent à une sorte de conservation générale qui est en fait une " pseudoconservation " : même quantité à boire mais aussi mêmes niveaux en A, en B et en C. C'est ensuite, lorsqu'ils voient que l'eau monte plus haut en B qu'en A et moins en C, qu'ils commencent à nier toute conservation des quantités. A cet âge, l'enfant ne parvient pas à conclure " plus haut X plus mince = même quantité" faute de compréhension de la compensation.

2 - La formation des opérations " concrètes "
On distingue 3 niveaux du passage de l'action à l'opération:

- Le niveau sensori-moteur d'action directe sur le réel jusqu'à 18 mois-2 ans.

- Un niveau intermédiaire, en progrès sur l'action immédiate mais l'enfant n'est pas encore capable de donner une représentation parfaite de ses actions.

- Le niveau des opérations, dès 7-8 ans, qui portent enfin sur des actions intériorisées et groupées en systèmes cohérents et réversibles (réunir et dissocier, additionner et soustraire, multiplier et diviser etc...)

Exemples: Dès 1
1/2 à 2 ans, l'enfant est en possession d'un groupe pratique de déplacements qui lui permet de s'y retrouver, avec retours et détours dans sa maison ou son jardin (stade sensori-moteur).

Vers 4-5 ans, il est possible de demander à un enfant de faire seul un trajet de 10 minutes de la maison à l'école et inversement. Mais si on lui demande de représenter ce trajet à l'aide d'un ensemble de petits objets tridimensionnels en carton (maison, église, rues, etc ... ) ou d'indiquer le plan de l'école telle qu'on la voit par l'entrée principale, il n'arrive pas à reconstituer les relations topographiques qu'il utilise sans cesse en action. A cet âge, ses souvenirs sont en quelque sorte moteurs et n'aboutissent pas à une reconstitution correcte (stade pré-opératoire).

C'est vers 4-5 ans qu'un enfant saura désigner sa main " droite " et sa main " gauche ", sachant utiliser ces notions sur son corps, il mettra 2 ou 3 ans encore à comprendre qu'un arbre vu sur la droite du chemin à l'aller se trouve sur la gauche au retour, ou que la main droite d'un personnage assis en face de l'enfant se trouve sur sa gauche à lui. Et il mettra encore plus de temps à admettre qu'un objet B situé entre A et C puisse être à la fois à droite de A et à gauche de C.

Pour passer progressivement de l'action à l'opération l'enfant doit reconstruire sur le plan mental ce qui était déjà acquis en action. Ainsi, il progresse d'un état initial où tout est centré sur le corps et l'action propres à un état de décentration par lequel il pourra imaginer, et anticiper les objets et les évènements repérés dans l'univers.

Enfin, c'est le langage qui va permettre à l'enfant non seulement d'évoquer mais surtout de communiquer ses représentations (langage verbal et gestes, jeux symboliques ...) .

 

Le niveau des opérations, dès 7-8 ans, porte également sur des transformations du réel, mais par des actions intériorisées et groupées en systèmes cohérents et réversibles (réunir et dissocier). L'enfant, à cet âge, devient capable de comprendre qu'une opération n'est jamais isolée mais coordonnable en système d'ensemble (à la réunion correspond la dissociation, à l'addition la soustraction, etc ... ). Ces opérations ne sont plus propres à un individu mais communes à tous les individus. L'enfant améliore ainsi son raisonnement en se décentrant moralement et socialement.

A ce stade, l'enfant apprend toujours beaucoup par le jeu et ce qui change c'est l'introduction de jeux de règles (billes, marelle ... ) qui se transmettent socialement d'enfant à enfant et augmentent donc d'importance avec le progrès de la vie sociale de l'enfant. Enfin, à partir du jeu symbolique se développent des jeux de construction qui tendent par la suite à constituer de véritables adaptations (constructions mécaniques etc ... ) ou solutions de problèmes et créations intelligentes.

 

4 - LA PENSEE FORMELLE

C'est le stade de la pré-adolescence entre 11 et 15 ans.

L'enfant parvient à se dégager du concret et à situer le réel dans un ensemble de transformations possibles. C'est l'âge des grands idéaux ou du début des théories, en plus des simples adaptations présentes au monde réel. Le développement intellectuel se poursuit par une transformation de la pensée qui devient plus abstraite.

 

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