Sur les lieux de la Résistance en Vercors
Séjour du 2 au 4 mai 2005, financé par l'association "Le Souvenir Français"
 
 
Sur les chemins de la Résistance: le résumé de Madame Portalis
Trois jours à VASSIEUX-en-VERCORS pour les deux classes de CM 2 de l'école de CEYRESTE

Le Président du SOUVENIR FRANÇAIS Comité de CEYRESTE, Monsieur Jean-Claude VINCENT, a organisé avec les membres du bureau une sortie souvenir pour les élèves de CM2. Monsieur Christian FUENTES, Président délégué, Monsieur Jean PORTALIS, Trésorier et quelques membres du Bureau accompagnaient les jeunes élèves, encadrés par leurs professeurs, Madame Stéphanie PANQUET et Monsieur Philippe CARAVANO, ainsi que 5 parents d'élèves.

La sortie a un double but: La mémoire des Français qui sont morts pour la France au Vercors et la découverte de la géologie et de l'archéologie du massif. Deux cars sont nécessaires. Départ à 07. h.30 de Ceyreste. Nous rentrons dans le Vercors par Crest, franchissons le Col de Rousset dans un site grandiose et austère de vallées profondes et de falaises blanches. A Vassieux nous découvrons une cuvette verdoyante dominée par le col de La Chau A 12 h. 30, bon accueil de l'hôtel VACANCIEL de Font d'Urle.. repas fort bienvenu après cinq heures et demie de route.... Installation.

Mémorial de la Résistance

A 15 h 30 Une des deux classes va visiter le musée de la préhistoire, tandis que l'autre va visiter le Mémorial de la Résistance.

. Le bâtiment est sobre et suit la courbe du terrain, sur trois plans, trois façades gris bleu qui dominent la vallée au Sud... L'atmosphère est d'emblée au recueillement et à la gravité.
A l'entrée une citation de Vercors ( nom d'auteur du " Silence de la Mer ") :


" Quand la mémoire faiblit... qu'elle commence comme une fragile falaise à s'effondrer par pans entiers dans les profondeurs de l'oubli, c'est le moment de rassembler ce qui reste "

Le Mémorial de la Résistance. Peu d'objets, ce sont surtout des témoignages. Sur ce lieu, le 21 juillet 1944, existait un camp de maquisards. La guide nous fait entrer dans une série de trois salles aux murs noirs. L'éclairage indirect met en valeur tel ou tel panneau.

La première présente des photos et affiches de 1940 l'armistice. On écoute l' enregistrement d'une partie du discours du Général de Gaulle appelant à poursuivre le combat.

Affiche V

Affiche du gouvernement de Vichy sur laquelle un résistant a peint la croix de Lorraine et le V de la victoire.

La deuxième salle évoque la vie des Français sous l'occupation par des objets symboliques :

- les bicyclettes de l'exode, empruntées par ceux qui fuyaient l'avance des armées allemandes

Bicyclettes de l'exode

- la porte du cabinet d'un docteur Juif, avec l'étoile jaune, rappelle l'antisémitisme nazi ; les scellées sur la porte témoignent de l'interdiction aux Juifs d'exercer certaines professions.

Médecin Juif

- Une baignoire pleine de pommes de terre et de boulets de charbon évoque les restrictions, au profit des troupes allemandes,

Baignoire remplie de charbon

- Des godillots et des sacs à dos symbolisent le départ pour le maquis... La guide explique le rôle du maquis: la lutte cachée, le secret, l'importance des communications codées. Des tracts suspendus au plafond rappellent ceux que semaient les avions alliés sur la population.

- Un poste de radio rappelle l'importance des médias dans cette période, la question de la censure et de la propagande : écouter Radio-Londres était interdit... Malgré le brouillage et les risques d'être dénoncé, beaucoup de français entendaient les nouvelles des Alliés dans l'émission "Les Français parlent aux Français".

Poste de radio 1940     Panneau sur la radio BBC.

La troisième salle offre à nos yeux une immense maquette du massif du Vercors avec les repères des 11 lieux de résistance.
Entre les salles, de grandes tôles d'acier verticales gris foncé représentent la ligne de démarcation.

 

2 - Nous visionons un court métrage sur les principaux événements de 1943 à fin juillet 1944, depuis le démantèlement du réseau Jean Moulin à l'écrasement progressif des forces de l'embryon d'Armée du Vercors de Janvier à juillet 1944.
Il est expliqué comment la forteresse du Vercors, une fois infiltrée par l'ennemi, est devenue une souricière fatale. Il y avait 8 camps dont le 8ème à Vassieux ( 4.000 hommes dans le plateau de 35 ans d'âge en moyenne )..
Les Chefs militaires du Vercors: Alain Le Ray et François Huet dit " Hervieux ", Le chef civil: Eugène Chavant dit " Clément ".

3 - Nous passons dans une galerie ou l'on voit des mannequins de résistants en tenue de maquis ( paysans ou forestiers....pas d'uniforme).
Avec des écouteurs individuels, nous entendons plusieurs témoignages émouvants par leurs récits vécus :
Un combattant du Vercors a vu tous ses compagnons tomber et lui-même a pu s'enfuir. Un jeune de la Chapelle en Royans avait formé une " sizaine " avec des amis: ils se faisaient passer pour des bûcherons. Un jour ils ont évité la rencontre avec une patrouille allemande grâce à une panne de leur camionnette.
Une paysanne de Vassieux témoin des bombardements, s'est sauvée car elle était dans la forêt pour ravitailler les maquisards .... Les vieux restés au village n'avaient pas peur: ils avaient connu la guerre de 14/18. Ils sont tous morts. Elle a vu 35 cratères de bombes.

4 - Contre cette galerie, une autre présente des statues de paysannes et de résistants et au mur de -grandes photos :
Le ravitaillement, ( voir photo), La Ferme d'Ambert, Le froid et la neige....La petite Arlette Blanc à 11 ans en costume de communiante.
Un film montre les acteurs du drame de juillet 1944.
M. Jansen explique la technique de défense dans le Vercors.
Ce massif était le refuge de beaucoup de gens qui fuyaient le régime de Vichy. Ils se cachaient dans la forêt et les grottes et la plupart ont rejoint le " maquis " ... Les camps étaient camouflés en exploitations forestières.
Un autre explique comment les paysans aidaient les résistants en cachant les armes sous le foin ou les bâches des chariots.

René Mouchet ancien maquisard explique comment les Allemands ont repéré les camps et investi tout le massif en quelques mois.
Pendant que les Français préparaient la piste d'atterrissage pour les avions alliés, les avions allemands sont apparus, tirant des planeurs bourrés de troupes allemandes et d'armement. Il se souvient du carnage, des cris et rumeurs qui montaient du village incendié.... humains, bétail ?

Un débat oppose deux interprétations de ce désastre:
Pourquoi le Vercors n'a-t-il jamais reçu d'armes lourdes ?,
Pourquoi les Maquisards n'ont-ils pas été prévenus de l'attaque allemande ?
Pour les uns, c'est une trahison, pour d'autres un abandon (au moment où le débarquement de Provence était attendu)

 

5 - On s'assied ensuite dans une pièce obscure où seul apparaît un tas de poutres cassées et où l'on entend la lecture d'une lettre trouvée sur un jeune Allemand et des paroles de la petite Arlette avant sa mort, au bout de 6 jours d'agonie.

Présentation poignante, dure, qui a oppressé tout notre groupe.

 

La lumière et la vue panoramique à la sortie de la dernière salle symbolisent le retour à la liberté:

Panorama Vassieux en Vercors


Le 3 mai, Visite de la grotte de La Luire

A 9 h départ pour une vallée proche de la plaine de Vassieux , nous grimpons un sentier forestier jusqu'au bas de la falaise de calcaire. On est saisi par le large porche qui s'ouvre à nous (6 m de hauteur, 30 m de large, 40 m de profondeur). Un panneau accueille le visiteur : " Ici souffle la Liberté " où sont résumées les actions militaires de juin 1944 (débarquement de Normandie) à juillet 1944.
On est invité au recueillement car c'est là qu'un hôpital de campagne fut surpris par un avion allemand. 2 médecins, 7 infirmières et plusieurs blessés avaient fui St. Martin de Vercors vers Die puis s'étaient réfugiés dans cette grotte où, intransportables, ils avaient été obligés de rester. Espérant protéger les blessés, on décida de brandir le drapeau de la Croix-Rouge.
Mais les troupes allemandes appliquèrent sans discernement les ordres de " tout nettoyer ". 19 résistants de 16 à 35 ans furent tués, 7 infirmières déportées 2 mortes en camps), des 2 docteurs, un survécut et put témoigner aussi.

 

Les blessés étaient au bord de la cavité et personne n'avait trouvé refuge dans les galeries trop froides et humides.
Cet épisode de la guerre du maquis du Vercors a laissé des traces profondes dans la mémoire des gens du pays

A 10 h 00 Partie géologique de la Visite : Un guide nous fait pénétrer dans une petite salle par un goulet. Il nous explique le système des rivières souterraines du Vercors Il y a plus de trois mille grottes dans le Vercors
Celle-ci, découverte en 1876 fait 15 km mais se poursuit encore sur 40 km environ, inaccessibles, jusqu'à Boumillon.

Maquette de la grotte de la Luire


Les galeries se remplissent à chaque pluie et à la fonte des neiges. En décembre 2003 il y a eu 2 crues avec un débit de plus de 5Om3 / s.(en général 25 m3 / s.).
Nous suivons un tunnel de 1,60m de haut pendant 20 à 30 m pour arriver dans une salle de 60 m de haut. On aperçoit en haut ses stalagmites sur une corniche.
La grotte n'en comporte pas, car l'eau qui l'envahit les emporte à chaque crue. Un spectacle " son et lumière " nous explique le lent travail de l'eau.

Passerelle dans la grotte


Nous longeons des éboulis jusqu'à un gouffre de 33 m. L'eau le remplit en moyenne à 5 m /h l', mais en décembre 2003, l'eau est montéc à 10 m/h. !
Cette grotte est dite " active " parce que son évolution continue : chute ( ou remontée) de l'eau, effondrements, érosion, corrosion (action chimique), élargissement des salles et des galeries. Le tout très lentement.
L'eau est à 5° et contient beaucoup d'oxyde de carbone à cause des végétaux en décomposition qu'elle a traversés.
Nous sortons ravis mais gelés... heureux de retrouver le soleil

11 h 00 Visite de la grotte de la Draye Blanche cette grotte découverte en 1920, est dite " morte " car non parcourue par les eaux de pluie. L'entrée est un tunnel artificiel avec des escaliers pour atteindre, plus bas une immense salle qui ressemble à un cylindre Tout en haut, 40 ni au moins, on devine un orifice (grâce à l'éclairage) communiquant avec une salle supérieure invisible.
Sur les côtés, un éboulis vient d'un effondrement du " plafond ".
On admire les stalagmites et les stalactites qui ont mis des millions d'années à se former.
L'éclairage fait voir de belles draperies et de fines stalactites comme des spaghettis. Une cuvette naturelle reçoit une pluie de gouttes causée par la fonte de la neige tombée il y a quelques jours car le toit de la grotte est semblable à une éponge qui retient l'eau, puis la libère quand il y en a trop.
Le guide éteint les lumières et nous fait remarquer la nuit absolue qui règne dans la grotte. Personne ne peut y vivre à l'exception des êtres tout petits capables de se nourrir de choses trouvées dans la boue : des bêtes blanches sans yeux. Les Chauves-souris, y viennent passer l'hiver, car la température maintenue à 10°, y est plus clémente qu'a l'extérieur - 20° ou elles mourraient de froid.
Le guide nous parle avec enthousiasme du courage de ceux qui sont parvenus sans moyens techniques appropriés, à descendre dans l'inconnu béant, éclairés par une simple lampe frontale. Aujourd'hui, il y a beaucoup de passionnés de spéléologie, un art qui demande prudence et endurance.

12 h 30 déjeuner en plein air avec un sac de pique-nique bien garni. Devant la grotte un bar offre le luxe d'un café et des glaces appréciées des enfants. Nous admirons avant de partir les magnifiques loups blancs élevés par le guide et sa compagne.

Cérémonie du Souvenir à la Nécropole de Vassieux

Coiffés des casquettes du Souvenir Français, les enfants et les adultes s'avancent avec respect devant le monument très sobre, un mur en arc de cercle portant l'inscription :

Les pionniers du Vercors
aux 750 héroïques combattants et martyrs du Vercors
morts pour la France

Monsieur Géronimo, Porte-drapeau, et Monsieur Astic, ancien Chasseur alpin, se placent au pied du mur pendant que Monsieur Reppelin, Maire de Vassieux, nous accueille.
Deux enfants, un de chaque classe, déposent la gerbe, apportée de Ceyreste. Nous observons une minute de silence.
Un garçon récite le poème de Boris Vian " Le temps de vivre " et un groupe de jeunes filles chante " La Complainte des Partisans ".

Enfin tout le groupe, enfants, adultes, chante le "Chant des Partisans " si émouvant.

Monsieur le Maire de Vassieux félicite les enfants pour leur attention et leur désir de connaître ces hommes et ces femmes sacrifiés pour la liberté de la France, en nous disant combien il était attaché à ces manifestations du Souvenir.

Monsieur Christian Fuentes, Président délégué du Comité de Ceyreste, (M. J.C Vincent absent pour raison de santé) lui répond et lui offre un souvenir de la part.
de M. André Essayan, Maire de Ceyreste, qui lui aussi est très attaché au devoir de mémoire.

Monsieur le Maire répond aux questions des enfants, puis nous parcourons lentement ensemble le cimetière. Les enfants sont émus du jeune âge de la plupart des morts et de la disparition de familles entières.

Cimetierre du mémorial de Vassieux

15 h 15 Le Musée de la Résistance


Au centre du village, ce musée rassemble objets et panneaux chronologiques des évènements de la Résistance
Sur la façade une longue fresque représente le village en feu et les maquisards poignardant l'Aigle nazi avec la croix de Lorraine.

Musée de la Résistance

A l'intérieur deux salles d'exposition:

Au milieu on voit des drapeaux et au-dessous des mitrailleuses et une lunette de DCA. Le long des murs des panneaux historiques alternent avec des photos, des lettres de jeunes martyrs.
Au dessus, des étagères supportent des objets ayant servi à la vie des troupes ( lampes, marmites, poêle...
En bas des vitrines exposent armes, coiffures, insignes, cartes d'identité....etc. Les garçons sont attirés par les fusils et un lance fusée manuel ( gros pistolet de 1.5 kg calibre 26.7 mm) ils remarquent un pistolet mitrailleur anglais " STEM " de 77 cm à 32 coups !.

Les panneaux consacrés à juillet 1944 décrivent les tragédies de plusieurs villages des sites du Vercors. Le 26 juillet, tout le plateau est dévasté. Des actes de barbaries sont à déplorer. Le " nettoyage " systématique se poursuit jusqu'au 31 juillet car 1200 patriotes résistaient encore. Puis dans leur fuite beaucoup ont été arrêtés et fusillés. Quelques survivants ont témoigné, en particulier le médecin Femand Ganimède ( grotte de la Luire ) épargné avec sa femme et son fils.

Dans les salles, des mannequins donnent une idée des vêtements portés alors dans la campagne et le maquis.

Une lettre de dénonciation:

Lettre de dénonciation

Les Alliés détruisant le nazisme

Les Alliés brisant la croix gammée

Le 4 Mai 9 h 45 Le Musée de la Préhistoire

Le séjour se termine par une découverte de la vie des hommes préhistoriques dans le Vercors, grâce à un homme passionné d'archéologie qui trouva des éclats de silex taillés par une main d'homme dans un champ près de Vassieux. La terre enlevée, tout un atelier de silex fut mis à tour et conservé tel quel dans ce modeste musée.

La visite commence par une explication de la technique de la taille du silex. On prend un nodule ( silex habillé de calcaire ou cortex ) et on le casse à petits coups pour obtenir des éclats par " percussion " avec une pierre dure, ou un bois dur buis ou if ( l'onde de choc visible - deux petites bosses-, permet à l'archéologue de reconnaître l'action de l'homme), et encore par " pression " avec un bois dur pour affiner le fil du silex..
On trouve des racloirs, des pointes de lances, des poignards.

Le guide explique l'art de faire le feu au temps des gaulois : En frottant un morceau de fer contre du silex.... Bien avant les hommes frottaient deux pierres dont l'une était de la marcassite. Un champignon polypore qui pousse sur les troncs morts donne de la braise lorsqu'il est en contact avec une étincelle.

Au premier étage une salle expose des panneaux montrant par étapes de 100.000 ans l'évolution des hommes dans le Vercors. On constate ainsi la disparition de la présence humaine pendant 50.000 ans de refroidissement dans le Vercors. Puis, ils s'y ré-installèrent en utilisant les grottes des ours des cavernes ( -20.000 )... En - 11.500 la forêt et les animaux se développent. Les hommes inventent l'arc et un début d'écriture .

Des vitrines montrent des objets associant, bois, cornes et silex.

Outils préhistoriques

L'archéologue nous montre l'atelier de silex datant de - 3500 ans qui fut découvert en 1970. On voit sur le sol beaucoup de petits éclats de silex.
Le dépouillement d'une zone délimitée de 4 m2 sur 20 cm de profondeur a montré qu'en 300 ans la technique n'avait pas changé.

Cette sortie de trois jours s'achève dans la bonne humeur après des visites riches d'enseignements historiques durs compensés par des moments de découvertes naturelles égayées par des guides très pédagogues et par une soirée de détente endiablée.

Cette sortie a été organisée par le Comité de CEYRESTE du SOUVENIR FRANCAIS avec l'aide des Professeurs des deux classes de CM2 qui ont préparé les thèmes de la sortie, longtemps à l'avance avec leurs élèves qui se sont trouvés ainsi très motivés.

Texte de Mme Portalis

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Notre Association a pour but de garder la mémoire de ceux et celles qui sont morts pour la France, et d'entretenir leurs tombes.

Nous avons besoin d'adhésions pour continuer cette mission d'éducation et de mémoire pour les enfants de notre village.
Vous pouvez nous rejoindre en prenant contact à notre adresse
Le Souvenir Français - Comité de Ceyreste B.P. 22 - 13600 CEYRESTE

 

Thèmes de recherches liés à cette visite:

1/ L'importance des médias; des images, de la parole et de l'écrit sous l'occupation

2 / la guerre secrète

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